Vent force 5 avec rafales à 7. Il est prévu qu’il baisse à force 4 le soir et cesse dans la nuit.
Pas question pour nous de partir pour le moment, ni de subir cette halte avec amertume. Au contraire, nous allons l’utiliser aussi bien que possible. Sur le quai, dans des entrepôts qui rappellent les heures de gloire du Port, une famille a installé un dépôt vente d’objets de marine, et un atelier de réparation d’accessoires de bateau. Une jeune femme énergique, et efficace, accepte de raccommoder pour nous la toile du tau, et en quelques heures, l’accident du fleuve est effacé de main de maîtresse.
Nous nous promenons dans les rues que les Saint-Louisiens ont désertées ; le vent faiblit par moment et reprend de plus belle. On ne s’habitue pas à ses sautes d’humeur, un instant de paix, un coup brutal qui déséquilibre, une série de gifles interminable qui laisse groggy, le tout en une suite désordonnée, sans logique, imprévisible. Je me demande s’il n’est pas encore plus fatigant qu’à MARSEILLE.
A midi, déjeuner à la Brasserie, sur le quai, une table familiale, une cuisine succulente. Nous dégustons les meilleures lazagnes au four du monde.
Ensuite, vacances. Lecture à l’abri dans la cabine du TIGRE ; quelques sorties pour venir en aide aux marins qui arrivent de l’Est, épuisés, mais soulagés : deux grands voiliers, l’un avec à son bord seulement son skipper, un Danois d’un certain âge – courageux ! -, l’autre quatre copains originaires du GRAU du ROI, en provenance de PORQUEROLLES avec escale à MARSEILLE, à la POINTE ROUGE – ils ont essuyé un beau grain au large du VAR – ; quelques mondanités avec les voisins de panne, chacun raconte ses périples, ses projets, les performances de son bateau, ou avec les Saint-Louisiens en promenade, qui viennent philosopher avec nous sur la navigation, le temps, l’âge, le sport….
Madame de Carry est partie pour honorer un rendez-vous chez le coiffeur. Monsieur compte sur nous, il aimerait prendre la mer le soir en notre compagnie.
Notre copain Fabrice, et d’autres responsables du Port que nous avons consultés, nous recommande la patience. Demain, la tempête sera terminée, nous pourrons rejoindre Marseille sans difficulté. Nous suivons leur avis. Monsieur part seul, et nous téléphone le soir pour nous rassurer : il a fait bonne route, et il est bien arrivé.
Nous organisons notre soirée.
Pendant l’apéritif, nous observons le manège d’un jeune homme accompagné d’un petit garçon, tous les deux tendus, le grand un harpon à la main, le petit les bras prêts au combat, dansant avec des airs de Sioux sur le quai, pour surprendre les muges qui se cachent sous le béton. Ils sont magnifiques, concentrés, tendus, propulsés par une détermination sauvage.
Ensuite, une partie de pizza chez Yo, dans une rue de PORT SAINT LOUIS, la boutique est tenue par des jeunes enthousiastes, les commandes affluent de minute en minute….ce qui est justifié par la qualité de la pizza, elle est excellente.